ENCORDEMENT
ASSURAGE
POSE DES PIEDS
GESTUELLE
PRISES D'INFORMATIONS
SECURITE
MATERIEL
PHYSIOLOGIE
CONNAISSANCES
Prises d'information et rythme

Des grimpeurs de haut niveau ont été soumis à la réalisation de parcours en tête et à vue. Les temps de mouvements, les temps de préparation à un mouvement et les temps d'arrêt pour l'observation ont été dissociés et cumulés. Les mêmes observations ont été répétées sur une première puis une deuxième répétition. Les bilans simplifiés sont présentés.

A partir de ces résultats, il est possible d'analyser le comportement d'un grimpeur, de savoir comment il s'organise en vue d'une réalisation (stratégie) et par comparaison, de savoir s'il a optimisé son parcours (nombre de séquences / temps de réalisation).
     

Nb séquences

"A vue"

"Après 2 répétitions"

 Après 2 répétitions, le temps d'observation est réduit de moitié et optimisé (prise de magnésie, mousquetonnage).

 Les séquences de préparation (transfert de poids) ne sont pas réduites en nombre mais en temps.

 Les séquences de déplacements (modification des appuis) sont inchangées, tant en nombre qu'en durée.

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Observation

Observation

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Observation

Observation

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Observation

Observation

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Observation

Préparation à un déplacement

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Observation

Déplacement

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Observation

 

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Préparation à un déplacement

 

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Déplacement

 

Analyse

Lors d'un parcours "à vue", le grimpeur utilise 6/8° du temps à visualiser les paramètres du parcours : spit, taille et orientation des prises qui vont lui permettre de définir un cheminement mental, où l'erreur devra être nulle. En fonction de cette analyse il passe ensuite par une phase d'organisation corporelle (changement d'orientation, déplacement du centre de gravité vers un point d'appui, …) qui lui permet d'effectuer une séquence de déplacement (enchaînement d'actions d'un ou plusieurs éléments).

A l'issue de 2 répétions, le grimpeur peut optimiser son temps de parcours essentiellement sur le temps pris par l'observation, le parcours ne présentant plus d'incertitude ; il peut inclure le mousquetonnage et les prises de magnésie dans ces périodes. Le nombre de séquences liées à la préparation à un mouvement ne varie pas ce qui tend à admettre qu'un grimpeur de haut niveau effectue un parcours "à vue" sans faute de stratégie (un grimpeur débutant essaie plusieurs déplacements avant de décider celui qu'il va finalement exécuter).

Cette observation confirme l'idée que le grimpeur construit dans sa tête l'ensemble des déplacements à effectuer à partir de situations vécues sans avoir besoin d'essayer. C'est comme s'il possédait un répertoire des mouvements connus, qu'il utilise en le comparant avec la carte du parcours, ce que l'on appelle "la lecture du rocher". On peut ainsi penser qu'un grimpeur d'expérience diminue presque totalement la part d'incertitude, "d'aléatoire", dans la tâche qui lui est présentée.

Néanmoins si le nombre de ces séquences de préparation ne varie pas, le temps nécessaire à leur exécution est à peu près diminué de moitié, preuve d'une meilleure anticipation à l'issue de la séquence précédente.

Les séquences de déplacements ne sont réduites ni en nombre, ni en durée ; c'est comme si le grimpeur avait optimisé dès le premier parcours le nombre de mouvements à effectuer dans un souci d'économie. Cette observation confirme l'analyse du paragraphe précédent selon laquelle le grimpeur expert construit mentalement la ligne idéale de parcours qu'il se sent capable de suivre. Observez la gestuelle des grimpeurs réalisant "à blanc" au pied des voies, les gestes qu'ils intègrent dans leur corps, (esprit-muscles), avant de les répéter sur le tracé !

En guise de conclusion, cette analyse montre l'importance des aptitudes tactiques  qui font appel à l'entraînement et à la mémoire (le vécu). La part de ces facteurs dans la performance représente environ 33 % , soit tout autant que les éléments liés aux qualités physiques (force - souplesse) ; Les aptitudes psychologiques représenteraient un petit tiers.

 

Conséquences pratiques

CLIQUEZ POUR VOIR LA VIDEO

 1) Au départ, (voir video ci-contre) le grimpeur doit être capable de faire le lien entre la disposition des prises et la "carte" personnelle des mouvements qui apartiennent à son registre.
 Mentalement, il est capable de "se représenter" dans l'action à travers son vécu.

 2) Le grimpeur doit ensuite dissocier phase de grimpe et phase d'observation, plutôt que de gérer prise par prise, ce qui suppose autant de phases d'observations que de prises (!)


 3) Le bon grimpeur enchaîne les mouvements lorsque "c'est difficile", s'arrête en fin de zone facile pour observer et anticiper un enchaînement complet d'actions (parfois -> 4 mouvements) lui permettant de rejoindre une autre zone "facile", nouvelle observation, etc...