Analyse
Lors d'un parcours "à vue",
le grimpeur utilise 6/8° du temps à visualiser
les paramètres du parcours : spit, taille et orientation
des prises qui vont lui permettre de définir un cheminement
mental, où l'erreur devra être nulle. En fonction de
cette analyse il passe ensuite par une phase d'organisation
corporelle (changement d'orientation, déplacement
du centre de gravité vers un point d'appui, …) qui lui
permet d'effectuer une séquence de déplacement
(enchaînement d'actions d'un ou plusieurs éléments).
A l'issue de 2 répétions, le grimpeur
peut optimiser son temps de parcours essentiellement
sur le temps pris par l'observation,
le parcours ne présentant plus d'incertitude ; il peut
inclure le mousquetonnage et les prises de magnésie
dans ces périodes. Le nombre de séquences liées
à la préparation à un mouvement ne varie pas
ce qui tend à admettre qu'un grimpeur de haut niveau
effectue un parcours "à vue" sans faute de
stratégie (un grimpeur débutant essaie plusieurs déplacements
avant de décider celui qu'il va finalement exécuter).
Cette observation confirme l'idée que
le grimpeur construit dans sa tête l'ensemble
des déplacements à effectuer à partir de situations
vécues sans avoir besoin d'essayer. C'est comme
s'il possédait un répertoire des mouvements connus,
qu'il utilise en le comparant avec la carte du parcours,
ce que l'on appelle "la lecture du rocher".
On peut ainsi penser qu'un grimpeur d'expérience diminue
presque totalement la part d'incertitude, "d'aléatoire",
dans la tâche qui lui est présentée.
Néanmoins si le nombre de ces séquences
de préparation ne varie pas, le temps nécessaire à leur
exécution est à peu près diminué de moitié, preuve d'une
meilleure anticipation à l'issue de la séquence précédente.
Les séquences de déplacements
ne sont réduites ni en nombre, ni en durée ; c'est comme
si le grimpeur avait optimisé dès le premier parcours
le nombre de mouvements à effectuer dans un souci d'économie.
Cette observation confirme l'analyse du paragraphe précédent
selon laquelle le grimpeur expert construit mentalement
la ligne idéale de parcours qu'il se sent
capable de suivre. Observez la gestuelle des
grimpeurs réalisant "à blanc" au pied des
voies, les gestes qu'ils intègrent dans leur corps,
(esprit-muscles), avant de les répéter sur le tracé
!
En guise de conclusion, cette analyse
montre l'importance des aptitudes tactiques
qui font appel à l'entraînement et à la mémoire (le
vécu). La part de ces facteurs dans la performance représente
environ 33 % , soit tout
autant que les éléments liés aux qualités physiques
(force - souplesse) ; Les aptitudes psychologiques représenteraient
un petit tiers.
Conséquences pratiques
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